« Mon boss est encore venu me demander de travailler immédiatement sur un dossier alors que j’étais sur une tâche urgente ! Il me rend fou ! ».
«Il » me rend fou.C’est « lui », c’est « l’autre » qui est responsable de notre stress, de notre colère, de notre tristesse… Nous énonçons ce genre de constats très naturellement, quotidiennement, et nous y croyons. Ce sont les autres, ou bien des évènements extérieurs, qui sont responsables de nos émotions désagréables : « tu m’exaspères», « le trajet a été stressant avec tous ces bouchons », «je suis triste parce que tu ne m’écoutes pas »…
Des évènements ou des personnes peuvent être en effet à l’origine de ce que nous ressentons. Mais sont-ils responsables de nos émotions ?
D’un jour à l’autre, nous ressentons différemment les évènements du quotidien.
Il arrive que nous gérions sereinement une lourde charge de travail certains jours ; d’autres fois, dans une situation comparable, nous éprouverons un fort niveau de stress.
Il se peut que nous ressentions de l’agacement face à un collègue qui vient nous interrompre un matin, et que le lendemain, dans une situation similaire, cela ne nous dérange pas.
Ce n’est donc pas la situation ou la personne elle-même (dans les exemples ci-dessus la forte charge de travail et le collègue), qui explique ce que nous ressentons. Ce que nous ressentons ne s’explique pas par des éléments extérieurs, ou du moins pas seulement.
Alors, sommes-nous responsables de nos émotions ?
Cette idée peut être déplaisante au premier abord. Car nous avons tendance à associer « responsable » et « coupable » !
Mais dans le contexte de cet article, le terme « responsable » est synonyme de « dirigeant », « acteur », « leader », « décideur ».
Le côté déplaisant de la notion de responsabilité est alors balayé : nous avons le pouvoir d’influencer nos émotions, voire de les choisir !
Nous décidons de nos émotions régulièrement, sans forcément en être conscients.
Illustration : un couple se rend chez des amis. Ils sont tous deux d’une humeur exécrable à cause d’une discussion délicate entamée sur la route. Pourtant, ils sauront arriver tout sourire chez leurs amis, bien que le désaccord ne soit pas réglé !Ils auront choisi de ne pas laisser leurs émotions transparaître, ils les auront régulées.
Si nous avons cette capacité d’auto-régulation dans certaines situations, nous pouvons imaginer et décider de l’utiliser en conscience plus souvent, afin de ne pas subir ou faire subir les émotions désagréables et inutiles… (« et inutiles » car des émotions désagréables peuvent avoir un rôle important et s’avérer nécessaires, comme la tristesse lors d’un deuil ; il n’est donc pas approprié de vouloir systématiquement les contrôler).
Quelques compétences émotionnelles à développer pour réussir à ne pas subir nos émotions désagréables :
- En prendre conscience, les identifier, les nommer
- Chercher à en comprendre les causes
- Les exprimer efficacement (se référer à la Communication Non Violente, ou à mon article sur l’outil D.E.S.C. : https://www.linkedin.com/pulse/demander-exprimer-des-sujets-d%C3%A9licats-faire-critiques-h%C3%A9loin-dassier/)
- Accepter le fait que nos émotions existent, sans déni, pour les réguler plus vite (cette étape découle des 3 précédentes)
Qu’elles soient agréables ou non, faibles ou intenses, nous vivons des émotions à tout moment et elles colorent la façon dont nous voyons le monde.
Les réguler est essentiel pour notre vie sociale, mais aussi important pour notre santé, car les émotions négatives répétées fatiguent notre organisme.
En conclusion, ne soyons plus victimes de nos émotions désagréables, ne les subissons plus et DECIDONS de comment nous voulons vivre émotionnellement ce qui nous arrive.
PS : Je ne parle aujourd’hui que de la responsabilité des émotions, et du fait de pouvoir décider de les gérer différemment. Une autre notion primordiale entre en jeu : les pensées. Elles feront l’objet d’un autre article (à suivre…).